Dernière mise à jour : 17 nov. 2022

Courir plus vite, plus longtemps …quoi de plus naturel ?
La course à pied est probablement l’activité physique la plus ancestrale, il y a 20 000 ans déjà, courir vite et longtemps permettait à nos ancêtres de se nourrir, de se mettre en sécurité ou d’explorer de nouveaux territoires. Sans doute s’illustraient-ils alors déjà par leur foulé, leur vitesse, ou une endurance extraordinaire.
Aujourd'hui encore, courir semble le sport le plus essentiel. Il suffit de voir un jeune enfant réaliser ses premières courses en avant, premières sensations de liberté…, grisé par le plaisir de foncer, il prend ses premiers risques et comprend qu’il peut décider de sa direction.
Ce ne sont que deux possibles raisons pour lesquelles la course à pied, qui dépend tant de notre corps, parle aussi à notre esprit. C’est pourquoi, comprendre le mental des hommes et des femmes qui veulent courir plus vite et plus longtemps est une aventure des plus passionnantes. Je vous propose de découvrir quelques éléments de réflexion sur le travail du mental en course à pied, trail et ultra trail.
C’est quoi le « mental » ?

Tout le monde ressent intérieurement ce que cela peut signifier pour lui. Beaucoup d’athlètes en quête de performance déclare que c’est “important”, mais vouloir définir ce mot c’est sentir sa complexité. Pour simplifier notre investigation je vous propose de dire que le mental c’est ce qui nous anime. Par exemple, ce sont les pensées qui nous projettent dans le futur et nous disent “prépare toi”. Ce sont nos motivations, ces moteurs qui nous donnent l’énergie d’agir. Ce sont aussi nos automatismes, ceux qui par des années de pratique nous permettent de poser un pied sûr et stable dans une descente technique, et ceux qui conditionnent nos réactions quand le stress est là. Le mental “qui nous anime” c’est bien sûr nos émotions : peur de cette mauvaise sensation après “seulement” 8 kilomètres de course, joie d’arriver au sommet de la dernière difficulté de ce raid, peur de “perdre” son niveau contraint à l’arrêt par la blessure, joie d’être au départ de cette course mythique…Le mental c’est tout ce qu’on se dit, et plein de choses qu’on ne se dit pas mais qui sont là quand même, le mental c’est ce qui conditionne nos pensées et donc nos actions. Enfin, le mental c’est aussi notre plan intérieur, c’est le chemin menant de l’instant présent à nos objectifs et parfois à nos rêves.
Et ça se travaille ?
Oui. Si les premières expériences en psychologie du sport datent de la fin du 19ème siècle, le progrès considérable des connaissances en neuroscience et en psychologie font aujourd’hui de la préparation mentale un des quatre grands piliers de la performance sportive. Alors que les préparations physique, technique et tactique sont devenues standard, la préparation mentale reste une discipline innovante qui prend peu à peu sa place dans toutes les fédérations sportives olympiques ainsi que les grands clubs en sport collectif. Ces structures ont compris que la préparation mentale représente un grand potentiel d’amélioration des performances en compétition et d’amélioration du bien-être de leurs athlètes. On peut renforcer ses qualités mentales et en développer de nouvelles par un entraînement, ce travail constituant à terme un avantage concurrentiel important.
Quelles compétences puis-je développer avec mon préparateur mental ?
L’objectif général de la préparation mentale est d’améliorer ses performances sportives mais aussi de prendre plus de plaisir dans le processus qui mène à l’objectif. Ce travail est indissociable d’une plus grande connaissance de soi et d’un renforcement de l’autonomie.
Pour un coureur de trail les axes de développement sont nombreux :
Cultiver la motivation, donner une structure à ses rêves.

Ce n’est pas un secret, pour devenir un meilleur coureur, il faut du travail. Et sans motivations il est difficile de maintenir son engagement dans la durée et l’intensité nécessaire à la réalisation d’un objectif. C’est pourquoi il est fondamental d’explorer et de cultiver ses motivations, elles sont à la base de tout projet car elles donnent l’énergie de se surpasser, mais surtout de réaliser le travail de l’ombre, celui qui construit nos capacités de coureur. “Cultiver ses motivations” c’est prendre ses rêves au sérieux, osez les faire émerger, les verbaliser parce qu’on sent au fond de nous que c’est là. Le vrai départ d’une course qui compte est une idée un peu folle qui ressemble à “pourquoi pas moi ?”
Ensuite il convient de donner une structure à son rêve pour en faire des objectifs. Un travail sur la définition d’objectifs permet de baliser le chemin qui mène au but. Une fois ce chemin rigoureusement tracé, l’énergie pourra être focalisée à parcourir chaque étape du plan de route. À tout moment, on sait alors ce qu’on a à faire pour continuer de faire vivre son rêve, on peut aussi valider les étapes accomplies et ancrer notre confiance, faire grandir méthodiquement notre croyance d’un futur succès.
Gérer le doute.
Laisser la place au plaisir demande de la sérénité. La peur de l’échec, le doute, le stress peuvent maintenir notre esprit et notre corps dans un mode « fuite, défense » une terre trop aride pour cultiver toutes les petites choses que l’on aime dans notre sport. Les « petits » plaisirs sont de grandes sources d’énergie, ils constituent même une ressource essentielle. Peut-on rester performant si des sentiments négatifs nous coupent du plaisir ? Que devient alors le sens de notre engagement ?
La peur d’échouer et les doutes qu’elle génère sont des sentiments naturels qui nous viennent du fond des âges. Que se passerait-il si l’on ne ressentait aucune peur face à un ours bien fâché ? La peur nous pousse à l’action face à une situation jugée dangereuse ou inconnue. Le doute mobilise nos ressources pour nous préparer à affronter une situation de défi. Ainsi ils peuvent parfois être un moteur, on peut d’ailleurs se poser la question, est-ce que « discipliné » ne rime pas parfois avec « rassuré » ?
Développer la confiance en soi.
